À l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 775 qui, depuis 1933, ont un jour porté le maillot Vert. De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.

ATHANASIO RODRIGUEZ, (206 matches, 122 buts de 1942 à 1943, de 1944 à 1949 et 1950-51)

La foudre dans ses pieds

Athanasio Rodriguez est né le 18 janvier 1919 à Cuevas en Espagne, mais ses parents s’installent dans la Loire, dans la cité minière de Roche-la-Molière alors qu’il n’a que dix-huit mois. Il est attiré par le cyclisme dans lequel il développe très tôt, dès l’âge de quinze ans, un certain talent.

Il remporte au moins deux courses, preuve de dispositions sur lesquelles il aurait pu s’appuyer pour faire carrière.

Il est également très performant, ballon au pied avec le CS Union avec lequel il remporte toutes les compétitions de la saison 1939-1940. Il choisit définitivement le football lorsque le club de Roche-la-Molière, qui dispose de moyens financiers apportés par les compagnies minières, lui fait une offre qu’il ne peut pas refuser.

En plus de devenir une gloire locale (plus de 80 buts marqués), il occupe un emploi de menuisier à la mine et il devient gérant d’un bar « Le petit tonneau ».

Ses performances attirent l’attention de l’AS Saint-Etienne qui l’enrôle à partir de 1942, pendant la période trouble de la Seconde Guerre mondiale. Ailier gauche explosif, malgré sa relative petite taille (1,69 m pour 72 kg), il fait rapidement parler la poudre comme en témoignent des prestations qui sont restées dans les mémoires.

Il inscrit son premier triplé le 10 janvier 1943 contre Annecy en 8e de finale de la coupe de France. Suivent deux autres, notamment contre l’ennemi régional du LOU le 28 février qu’il atomise à lui tout seul (3-0) et le 30 mai contre Montpellier (6-1). Il réalise même un sextuplé le 26 septembre 1943. Il devient ainsi tout naturellement un des chouchous du stade Geoffroy-Guichard, impressionné par ses buts venus d’ailleurs.

 

Les filets tremblent

En 1945, la Seconde Guerre mondiale ayant pris fin, Athanasio Rodriguez continue l’aventure avec les Verts. Il découvre la première division. En retour, les défenses adverses font connaissance avec sa frappe phénoménale qui fait des ravages. Dès la deuxième journée, il ouvre son compteur but contre Marseille, le 2 septembre 1945 (4-1).

Il est également l’auteur d’un quadruplé contre Le Havre le 4 novembre 1945 (5-1). Il est un des éléments essentiels d’une équipe qui crée la sensation pour le retour de la D1 après la guerre. Une deuxième place derrière le grand Lille en 1946, tout en ayant fait longtemps la course en tête. Il termine d’ailleurs la saison comme troisième meilleur buteur de la compétition avec 22 buts derrière René Bihel (Lille) 28 buts et Pierre Sinibaldi (Reims) 26 buts. Que des pointures !

Il forme, avec René Alpsteg et Jean Lauer, un trio offensif qui affole toutes les formations adverses. Il en est un des fers de lance. Meilleur buteur de son équipe en 1946, 1947 et 1948 et deuxième derrière Alpsteg en 1949. Il se signale avec deux nouveaux triplés le 5 janvier 1947 à Beauvais en coupe de France (9-0) et le 18 mai 1947 contre Toulouse en Championnat (4-2). Si on ajoute Antoine Cuissard et Guy Huguet, l’ASSE était alors prise très au sérieux aux quatre coins de l’hexagone.

En 1947, il obtient la nationalité française, ce qui l’oblige à accomplir ses obligations militaires à plus de trente ans. Il officialise la francisation de son prénom en Antoine, plus facile à prononcer pour les journalistes. Il est désormais sélectionnable avec l’équipe de France qui l’appelle régulièrement. Mais il n’a jamais eu l’honneur d’une première en bleu, restant toujours en réserve les fois où il a été sollicité, les remplacements n’étant pas autorisés à cette époque.

Même s’il a été le premier Stéphanois à jouer également avec l’OL en 1951-1952, l’empreinte qu’il a laissé dans le cœur des supporters des Verts, l’imposent parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire du club.

Par Albert Pilia